2021 – Semaine 38

La menace de DISNEY

 


Et l’on apprit cette semaine, selon plusieurs sources, que Disney menacerait de ne plus sortir ses films en salle en France. En effet Disney qui, rappelons-le, possède entre autres les studios Star Wars, Marvel et Pixar, a pris l’habitude de sortir les films qu’elle produit simultanément en salle et sur sa plateforme de vidéo à la demande par abonnement « Disney + » et ce aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. Mais en France il existe, depuis 1982, ce qu’on appelle la « chronologie des médias » qui impose 36 mois d’attente entre l’exploitation cinématographique d’un film et sa diffusion sur une plateforme de streaming. Disney envisagerait donc, pour contourner cette contrainte française, de ne plus sortir ses films en salle en France mais uniquement sur sa plateforme SVOD. S’il y a peu de chances que cette menace se concrétise, étant donné le trouble médiatique que cela créerait, il faut comprendre qu’elle est sans doute destinée à exercer une pression sur les décisions qui vont être prochainement prises en France où un projet est actuellement en discussion pour transformer le délai de 36 mois de la chronologie des médias à un an seulement.
Car même si les films américains représentent moins de 50 % des entrées en salle en France, contre 70 à 80 % dans la plupart des autres pays, le développement des plateformes de streaming a créé une situation où il semble qu’il soit devenu insupportable pour ces sociétés, surtout si, comme Disney, elle sont américaines et produisent des films, d’attendre des mois après sa sortie en salle pour qu’un film soit diffusé en VOD.
Ceci étant, il faut aussi prendre en compte le fait que Canal + investit chaque année près de 200 millions d’euros dans le cinéma français, contre 50 à 60 millions au total que les plateformes de streaming telles que Netflix, Amazon et Disney + vont bientôt être obligées de verser. Canal + réclamerait d’ailleurs, si la chronologie des médias était ramenée à un an, de bénéficier d’une situation privilégiée lui permettant de diffuser les films dès la fin de leur exploitation en salle, soit 3 ou 4 mois seulement après leur sortie. Mais il y a fort à parier que ses concurrents, comme Disney +, aimeraient pouvoir en faire autant, d’où sans doute la récente menace de Disney.
La chronologie des médias, qui était initialement destinée à protéger l'exploitation en salle des films, risque donc bientôt de voir son délai réduit à un an avant, peut-être un jour, de voler en éclat.
Rappelons tout de même que lorsque l’on va voir un film en salle l’on ne paie, le plus souvent, que pour visionner le film en question alors que les plateformes de streaming proposent des abonnements qu’il faut payer tous les mois.
Enfin il doit exister un certain intérêt financier à sortir un film simultanément en salle et sur une plateforme vidéo, ne serait-ce que parce que le streaming est rentable et parce que le fait qu’un film soit disponible immédiatement en VOD incite le public à s’abonner à la plateforme, même si des suppléments sont souvent réclamés, en plus de l’abonnement, pour visionner en streaming un film tout fraîchement sorti.
Bref la SVOD est la nouvelle poule aux œufs d’or, comme Disney et les autres plateformes de streaming, dont certaines sont des géants au niveau mondial, l’ont bien compris, et, pour rapporter encore plus et pour pouvoir aussi bénéficier du matraquage médiatique accompagnant la sortie d’un film en salle, elle ne doit pas être obligée d’attendre. Qu’on se le dise !

 

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